Orixás : Verger et le Candomblé
"Le candomblé est pour moi très intéressant car il s'agit d'une religion d'exaltation de la personnalité, où l'on peut être véritablement soi-même, et pas comme la société veut que l'on soit. Pour les gens qui ont quelque chose à exprimer à travers l'inconscient, la transe permet à celui-ci de se manifester". Dans son contact intime avec le candomblé et le monde des Orixás, Verger, comme admirateur, ami et initié (Babalaô et Oju Obá), acquiert un immense savoir et gagne respect et protection. Pour honorer cette confiance, il passera le reste de sa vie à recueillir des légendes, des liturgies et des séquences rituelles, scrupuleusement documentées dans ses livres et ses photographies, qui deviendront une inestimable source d'informations pour les adeptes et les chercheurs.
"Ce n'est qu'en 1948, deux ans après mon arrivée à Bahia et après un long voyage à Recife, en Haiti et en Guyane Hollandaise, que j'ai commencé à me rendre compte de l'importance du candomblé et du rôle qu'il joue, conférant une dignité particulière à la plupart des habitants de Bahia, descendants d'Africains". C'est également en 1948 qu'il se rend pour la première fois au terreiro Ilê Axé Opô Afonjá, peu de temps avant son départ pour l'Afrique, où il bénéficie d'une bourse d'études pour approfondir ses recherches sur les liens multiples entre le Brésil et le Continent Noir. Mãe Senhora consacre alors sa tête au dieu Xangô, marquant ainsi le début d'une longue amitié avec les membres du candomblé.
En Afrique, il rencontre les descendants des anciens souverains qui donnèrent naissance aux mythes Yoruba, découvre les lieux sacrés, assiste et participe à de nombreux rituels. De retour à Bahia, il poursuit son apprentissage: "L'intérêt est de partager la vie des gens, de faire les mêmes choses et de participer sans avoir l'intention de comprendre. Lorsqu'on participe, les choses deviennent complètement différentes. C'est ce qui s'est produit avec moi. Je vivais au terreiro Opô Afonjá, faisais les mêmes choses que les gens de la communauté, sans savoir pourquoi ni comment. Je vivais avec eux, partageant leurs préoccupations et leurs croyances".
Outre l'Opô Afonjá, Verger fréquente de nombreux autres terreiros, comme celui de la Casa Branca, ceux de Joãozinho da Goméia, Joana de Ogum et Catita où il a beaucoup d'amis, puis, quelques années plus tard, l'Opô Aganju, fondé, avec son concours, par son ami "père de saint" Balbino Daniel de Paula. Jusqu'à la fin de sa vie, Verger déclarera être un sceptique dépourvu de "sentiments religieux très forts", un "Français rationaliste à qui on ne la fait pas", mais, pour beaucoup, la profondeur de son savoir, associée à une vie dépouillée et un tempérament mystérieux, feront de lui une référence et un exemple.